Le Bâtisseur a 1 an ! Joyeux anniversaire à lui !
Nouvelle du 3 mai 2023
Bonsoir à tous,
Le 2 mai 2022, il y a un an jour pour jour, est sorti mon premier livre de conte :
Le Bâtisseur qui ne Savait Pas Dire Non
Pour ses un an, Le Bâtisseur a été vendu à 534 exemplaires !
Aujourd'hui, pour son anniversaire, je vous propose de vous raconter comment ce livre a fini par être aussi complet, car on me pose souvent ces questions.
LES TROIS VERSIONS
Lorsque j'ai écrit ma première version correcte du conte, celle-ci était en alexandrins. Toute fière, je l'ai fait lire à ma mère qui m'a répondu avec gentillesse :
« Tu sais, ma chérie, pour les adultes, c’est bien, mais pour des petits enfants, c’est trop difficile. Si tu veux qu’il soit aussi pour les petits, il faut faire plus simple. »
Aussi, me suis je évertuée à en faire une version deux fois plus petite en passant de l'alexandrin à l'hexasyllabe, des rimes de 6 pieds. Contente de mon travail, je fais lire cette version à ma mère qui me répond avec autant de gentillesse :
« C’est encore trop compliqué, ma chérie. Pour des grands enfants, ça va, mais c'est trop dur pour les petits. ».
Et sur ces paroles, j'ai créé une troisième version en prose et au présent, en supprimant presque tout le vocabulaire des textes.
LA VERSION COURTE
J'ai fait lire à plusieurs amis mon conte, une fois celui-ci presque finalisé. Dans une de ses formes, il n'y avait pas de "version courte", juste une version longue (7 parties). Alexis Vaugeois, aussi l'un de mes correcteurs, l'a lu a ses enfants (2-3 ans et 5 ans) et m'en a fait un retour très intéressant :
« Ils ont bien apprécié toutes les versions, mais les répétitions les lassent vers la fin. »
Je savais pertinemment que le conte était trop long et que je devais raccourcir, mais je ne voulais pas le faire. Son retour m'a poussé à chercher comment faire pour raccourcir le conte sans supprimer mes 7 parties. C'est comme cela que la version courte a été créée. Le fait que le conte était écrit en modules a grandement aidé.
Pour la petite anecdote, c'est aussi de lui que vient l'idée d'introduire des onomatopées pour la version des tout petits !
DU TEMPS, DU TEMPS ET ENCORE DU TEMPS
Tous les paratextes, surtout le lexique illustré, ainsi que la qualité du contenu du livre, sont dûs au temps dont j'ai bénéficié pour sa conception.
Les textes n'auraient jamais pu être aussi multiples et modulables sans du temps de réflexion et du temps de maturation. Ils n'auraient pas pu être aussi travaillés sans le temps que de nombreux correcteurs ont passé dessus.
Les illustrations n'auraient jamais pu être aussi peaufinées et détaillées sans le temps dont j'ai eu besoin pour me tromper et recommencer souvent.
Il n'y aurait pas eu de lexique illustré et beaucoup moins de paratextes enrichissants sans le temps de réflexion et de maturation nécessaire sur la globalité du projet (collection, livre).
Il n'y aurait pas eu une telle mise en page sans beaucoup de temps pour tester de nombreuses choses, me tromper de nombreuses fois, recommencer encore et encore.
LA PARTIE MANQUANTE
La partie que je n'ai pas faite car allongeant trop le conte, est une journée avant toute celle que vous connaissez, où le bâtisseur va à la rencontre des autres pour proposer son aide. C'est-à-dire qu'il va lui-même se proposer en sacrifice aux autres. Pour éviter de rallonger le texte, j'ai transformé cette partie en un petit paragraphe dans l'avant-propos :
Pendant des années, j’ai fait sans le comprendre le sacrifice de moi pour autrui. Pire ! Je suis allée moi-même chercher autrui pour me proposer en sacrifice. « As-tu besoin d’aide ? » « Tu veux que je t’aide ? » « Je peux t’aider si tu veux. » De nombreuses années j’ai perdues et des personnes souvent intéressées j’ai attirées.
LA PARTIE MODIFIÉE
La partie que j'ai modifiée présentait une morale supplémentaire. Cependant, non seulement elle ternissait la fraîcheur du conte, mais elle alourdissait considérablement le conte par un surplus de morales.
Durant la première journée, le bâtisseur va aider le boulanger, la crémière puis le petit berger. À chaque fois, dans la version que vous connaissez, le bâtisseur se voit récompensé par ses débiteurs :
- du pain pour le boulanger ;
- du fromage pour la crémière ;
- une peau de mouton pour le petit berger.
Or, dans une précédente version, j'avais tenté une alternative qui me plaisait beaucoup. À la fin de chaque service ce premier jour, il y avait une récompense dégressive, voire punitive :
- du pain pour le boulanger ;
- Même pas un merci pour la crémière ;
- un reproche irrespectueux pour le petit berger.
L'idée était de faire comprendre qu'à force de rendre service à tout le monde tout le temps, non seulement les services du bâtisseur perdaient de leur valeur et étaient considérés comme allant de soi (la crémière), mais encore se ferait-il reprocher son aide, comble de la chose (le petit berger).
Comme dit plus haut, pour la lourdeur des morales et la noirceur que cet aspect faisait refléter à mes personnages, je suis revenue à la version précédente, bien plus positive !
Cependant, je regrette de ne pas avoir pu m'exprimer sur cette thématique car j'ai rencontré quelques personnes, rares certes, mais présentes quand même qui m'ont témoigné d'aides apportées sans aucune reconnaissance, débouchant sur un sentiment d'injustice. Aussi, je vous propose, si vous en avez envie, de lire les trois répliques que j'avais écrites de cette version (ah ! je les aime quand même !!).
Le boulanger (ici, rien ne change) :
« Il est vrai, bâtisseur, que tu es le meilleur,
Loua le boulanger, et pour te remercier,
Prends mon pain, le meilleur, à l’infinie saveur. »
La crémière :
« Il est vrai, bâtisseur, que tu es le meilleur,
Constata la crémière, à l’avenir, allez !
Si je crains un malheur, je t’appelle sur l’heure ! »
Le petit berger :
« Il est vrai, bâtisseur, que tu es le meilleur,
Concéda le berger, mais durant ton labeur
Je n’ai point travaillé, aussi va-t’en sur l’heure. »
PROCHAINES ACTIVITÉS
Il y a pas mal de choses qui se font actuellement. Mai et juin sont riches de rencontres. N'hésitez pas à aller regarder dans l'agenda. Des activités vont encore s'ajouter.
Prochaine activité, samedi. Je vous rencontre rue des Godrans, en face de la librairie Manga Evasion.
Et dimanche, je serai au Marché des créateurs à la Coupole, rue Saint Anne. J'y ferai une lecture du conte avec Kamishibai, suivi d'un jeu de plateau ! Si vous voulez y venir, dites-le-moi car les places sont comptées. L'activité est gratuite ;)
Bien d'autres activités vous attendent dans l'AGENDA.
NOUVEL EXTRAIT PROMOTIONNEL
Pour faire connaître le conte, j'ai réalisé en fin d'année dernière, un livret promotionnel contenant un extrait du conte et la présentation des parties présentes dans le livre. Voici la version augmentée d'une partie inédite expliquant mes étapes de création du conte, le tout en couleur :
Je devrais avoir les exemplaires chez moi d'ici une quinzaine de jour.
Le site devrait en parallèle accueillir une nouvelle page présentant les étapes de création d'un livre, avec plus de détails et de photos, pour étayer cela.
NOUVELLE ADAPTATION
Comme vous le savez sans doute si vous me suivez, je vais enregistrer une version audio du conte, en présenter une version vidéo également. Ces versions ont pris du retard car j'ai passé presque tout mon temps de début d'année à prospecter des salons littéraires afin de faire connaître le livre et la collection.
Et bien, j'ai aussi l'idée d'agencer mes illustrations et mes textes pour en faire une BD, à l'image de cette petite vignette que j'avais faite pour les besoins d'un paratexte :
Ce qui me fait une autre forme pour ce conte, pour les bédéphiles
LE DEUXIÈME CONTE
Ah ! Enfin !!
Bah non… enfin, si, un petit peu. Je n'ai tellement plus de temps pour la création, et tellement de retard, et tellement de travail malgré la centaine d'heure de travail que j'abats chaque semaine depuis des années, que j'ai fini par saturer. Le corps ne suit plus, l'esprit non plus. Je finis par passer des journées devant mon PC avec une production nulle.
Pour la petite histoire, je tire sur la corde depuis l'été 2019. C'est une course effrénée qui m'a conduite à un moment à travailler même dans mes rêves. C'est-à-dire que je me conditionnais pour m'endormir sur une réflexion (morale, textes), une tâche à accomplir (mise en page, illustration…) et durant la nuit, je travaillais dessus dans mes rêves. Si les premières semaines, ça ne fonctionnait pas à chaque fois, j'ai fini par prendre le pli et c'est devenu naturel de travailler la nuit de cette manière. J'ai ainsi pris l'habitude de dégrossir substantiellement mon travail du lendemain durant la nuit précédente, résoudre des questionnements et concevoir des éléments du livre. J'étais donc productive jour et nuit.
Au rendu définitif des fichiers à l'imprimeur en avril dernier, j'étais déjà exténuée. Je m'étais remise quelques mois avant à veiller n'importe comment pour mettre un frein aux retards successifs que le livre prenait, ce qui a très vite aggravé la situation.
J'ai entamé le dernier trimestre 2022 exténuée, les salons qui s'enchaînaient, la saison de Noël. Le jour de l'an, j'avais clairement dépassé mes limites. J'ai refusé de ralentir, voyant le retard continuer de s'accumuler, TELLEMENT de choses à faire !!!!! Mais à partir du 2 janvier 2023, je ne suis plus arrivée à rien. Épuisement, chutes de tensions, douleurs. Mais attention, le moral va très bien ! J'ai plein de choses à réaliser, je suis enthousiaste à l'idée de les réaliser, mais le corps ne suivait plus. Je n'arrivais plus à réfléchir clairement. Je passais trois heures à contempler mon site en ne sachant pas par quoi commencer parce que même s'il y avait beaucoup de choses à faire dessus, je n'arrivais plus à établir une liste simple pour tout ordonner. Tous les autres aspects de mon travail suivait ce chemin. C'était la misère cérébrale ! Mais je n'arrêtais toujours pas. J'essayais de ralentir, mais je ne trouvais pas encore le bon rythme.
Et puis début mars, j'ai franchi une deuxième limite. Les difficultés étaient de plus en plus grandes, les erreurs, plus fréquentes. Je suis tombée malade pour la troisième fois depuis 6 mois. Opération dodo 2 jours ! C'est en général ce qu'il me faut en repos COMPLET pour mâter les rhumes.
Et là, j'ai enfin compris le souci. Cela vous est peut-être arrivé d'être tellement sollicité intellectuellement que votre esprit est envahi par de multiples pensées superposées qui fusent à toute allure ? Non-stop pendant plus de 24h. Mais en fait, ça l'était sans doute depuis un bon moment, sauf que je ne m'en rendais pas compte car l'activité intellectuelle intense jour et nuit était devenu non seulement naturel, mais nécessaire. À présent qu'il me fallait un repos complet, corps et esprit, il m'a fallu un certain temps pour arriver à seulement vider mon esprit plus d'une minute d'affilée
Mais devinez : au fur-et-à-mesure que mon esprit se vidait, des idées me sont venues sur le deuxième conte ! Si je savais quelle histoire cela serait, le déroulé dans les grandes lignes et certains détails, c'est alors une somme de détails et d'idées incroyable qui est venue à moi. En ces deux jours-là, j'ai presque posé le plan détaillé du conte et des personnages, jusqu'au répliques !
Je n'avais simplement plus laissé de place à la création dans ma tête, ni du temps dans ma vie. Mon besoin de rentabiliser mon activité pour ne plus être inquiétée de mes loyers et de ma pitance, ne plus être tributaire d'une aide que je savais très limitée dans le temps, m'a accaparé au point de ne plus exister en tant d'auteur illustratrice Alors que le but de cette rentabilité était justement de m'assurer de pouvoir pleinement et sereinement créer sans être inquiétée de manquer d'argent, sans rogner mon temps de création avec un mi-temps salarié
Aussi, depuis deux mois environ, j'essaie sérieusement de me rapprocher de 20h pour l'heure de repos, et de m'aménager des pauses "vidage d'esprit" dans la journée, de ne plus forcer mon esprit à se mettre en mode pro-actif toutes les nuits. Je n'y arrive en fait, pas souvent, mais quand j'y arrive plus de deux jours d'affilée, je me sens pousser des ailles le troisième jour ! Souvent, je veille, je m'épuise. Comme vous pouvez le voir ce soir, il est déjà une certaine heure de la nuit et je suis toujours là à travailler : un premier anniversaire du Bâtisseur n'arrive qu'une fois et j'ai voulu marquer le coup.
Mon épuisement est aussi la raison pour laquelle je n'ai pas fait de news depuis trois mois
Cette année 2023 est placée pour moi sous le signe de la recherche du juste milieu dans mon activité professionnelle, entre création et pérennité financière.
Une chouette aventure pleine d'enseignements
Encore une fois, merci de m'avoir lue !